C’est là ce qui fait que certains philosophes croient que tout moteur, sans exception reçoit le mouvement. Nous nous réservons de démontrer ailleurs ce qu’il en est à cet égard et de prouver qu’il y a un moteur qui est lui-même immobile
Mais pour nous, le mouvement est l’acte ou entéléchie de l’être en puissance, lorsque cet être agit actuellement, en tant que mobile, soit en restant lui-même, soit en devenant autre. Quand je dis En tant que mobile, j’entends par exemple, que l’airain est la statue en puissance, bien que l’acte ou entéléchie de l’airain, en tant qu’airain, ne soit pas le mouvement, car ce n’est pas essentiellement la même chose d’être de l’airain et d’être mobile en puissance, puisque si c’était absolument et rationnellement identique, l’acte ou entéléchie de l’airain, en tant qu’airain, serait le mouvement. Mais encore une fois ce n’est pas la même chose, et l’on peut s’en convaincre en regardant aux contraires. Ainsi, c’est chose fort différente de pouvoir se bien porter et de pouvoir être malade, puisque, s’il en était autrement, être malade et se bien porter se confondraient. C’est le sujet qui est le même et qui reste un, soit en santé, soit en maladie, par l’effet de l’humeur ou du sang. Mais comme le sujet et sa puissance ne sont pas la même chose, pas plus que la couleur ne se confond avec le visible, il faut évidemment en conclure que le mouvement est l’acte, l’entéléchie du possible en tant que possible.
Aristote, Physique, livre 3, Chapitre 1, §12
Cours de philosophie de la nature sur la philosophie du mouvement