Ce que vous voyez maintenant sur l’autel, vous l’avez déjà vu la nuit dernière. Mais qu’est-ce ? Qu’est-ce que cela signifie ? Quel grand et mystérieux enseignement y est contenu? On ne vous l’a pas dit encore. Que voyez-vous donc? Du pain et un calice, vos yeux mêmes en sont garants, mais, puisque votre foi demande à s’instruire, ce pain est le corps du Christ, ce calice est son sang. Voilà la vérité en deux mots, et c’est peut. être assez pour la foi. La foi cependant désire comprendre, car un prophète a dit : « Vous ne comprendrez point, si vous ne croyez ». Vous pourriez me dire en effet: Tu nous as ordonné de croire , fais-nous comprendre maintenant. Chacun de vous ne sent-il pas s’élever dans son esprit une réflexion et ne se dit-il pas : Nous savons où Jésus-Christ Notre-Seigneur a pris un corps, c’est dans le sein de la Vierge Marie. Enfant, il a pris le sein maternel, on l’a nourri, il a grandi, il est parvenu jusqu’à la jeunesse, puis il a été persécuté par lès Juifs, attaché au gibet, mis à mort sur un gibet, descendu de ce gibet, il est ressuscité ensuite le troisième jour et le jour qu’il a voulu il est monté au ciel , c’est là qu’il a porté son corps , c’est de là qu’il viendra juger les vivants et les morts, c’est là qu’il est maintenant assis à la droite du Père : comment donc ce pain est-il son corps ? comment ce calice , ou plutôt ce que contient ce calice, est-il son sang? Si l’on dit, mes frères, que ce sont ici des sacrements, c’est qu’ils expriment autre chose que ce que l’on voit en eux. Que voit l’oeil? Une apparence corporelle. Que saisit l’esprit? Une grâce spirituelle.
Saint Augustin, Sermon 272