C’est dans les épreuves, qui peuvent nous être soit utiles soit nuisibles, que nous ne savons pas ce que nous devons demander pour prier comme il faut. Cependant, parce qu’elles sont dures, pénibles, contraires au sentiment naturel de notre faiblesse, par un mouvement de volonté qui est commun à tous les hommes, nous prions pour qu’elles soient écartées. Mais si Dieu ne le fait pas, nous devons lui être assez attachés pour comprendre qu’il ne nous délaisse pas , bien plus, nous devons espérer recevoir des biens plus grands pour cette religieuse acceptation de nos maux. Car c’est ainsi que la puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. ~ De telles paroles ont été écrites pour qu’on ne tire pas vanité de ce qu’on a été exaucé : peut-être avait-on demandé avec impatience quelque chose qu’il aurait mieux valu ne pas obtenir ? Et il faut pas non plus se décourager et désespérer de la pitié divine, si l’on n’est pas exaucé : car peut-être demandait-on quelque chose dont la possession apporterait une épreuve encore plus cruelle, ou bien qui amènerait, avec la prospérité, la corruption et la ruine définitive ? Dans de tels cas, nous ne savons donc pas ce qu’il faut demander pour prier comme il faut.
Lettre de saint Augustin à Proba sur la prière
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