Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit fait Dieu.

Ceux qui prétendent qu’il n’est qu’un pur homme engendré de Joseph demeurent dans l’esclavage de l’antique désobéissance et y meurent, n’ayant pas encore été mélangés au Verbe de Dieu le Père et n’ayant pas eu part à la liberté qui nous vient par le Fils, selon ce qu’il dit lui-même: “Si le Fils vous affranchit, vous serez vraiment libres.” Méconnaissant en effet l’Emmanuel né de la Vierge, ils se privent de son don, qui est la vie éternelle , n’ayant pas reçu le Verbe d’incorruptibilité, ils demeurent dans la chair mortelle, ils sont les débiteurs de la mort, pour n’avoir pas accueilli l’antidote de vie. C’est à eux que le Verbe dit, expliquant le don qu’il fait de sa grâce: “J’ai dit: Vous êtes tous des dieux et des fils du Très-Haut, mais vous, comme des hommes, vous mourrez.” Il adresse ces paroles à ceux qui, refusant de recevoir le don de la filiation adoptive, méprisent cette naissance sans tache que fut l’incarnation du Verbe de Dieu, privent l’homme de son ascension vers Dieu et ne témoignent qu’ingratitude au Verbe de Dieu qui s’est incarné pour eux. Car telle est la raison pour laquelle le Verbe s’est fait homme, et le Fils de Dieu, Fils de l’homme: c’est pour que l’homme, en se mélangeant au Verbe et en recevant ainsi la filiation adoptive, devienne fils de Dieu. Nous ne pouvions en effet avoir part à l’incorruptibilité et à l’immortalité que si nous étions unis à l’incorruptibilité et à l’immortalité. Mais comment aurions-nous pu être unis à l’incorruptibilité et à l’immortalité, si l’Incorruptibilité et l’Immortalité ne s’étaient préalablement faites cela même que nous sommes, afin que ce qui était corruptible fût absorbé par l’incorruptibilité, et ce qui était mortel, par l’immortalité “afin que nous recevions la filiation adoptive” ?

Saint Irénée, Traité contre les hérésies, Livre 3, Chapitre 19

Cours d’introduction aux Pères grecs sur la mosaïque de saint Irénée