Les secours qu’apportent les philosophies sont moins efficaces que celui qu’apporte l’Evangile

Bien que par elle-même la philosophie aussi justifiât quelquefois les Grecs, elle ne leur procurait pas une justification pleine et générale, mais elle y contribuait, elle y conduisait, comme l’escalier sert de route pour monter au dernier étage d’une maison. Elle était utile, comme la grammaire, à celui qui veut se livrer à la philosophie , non pas que, faute de celle-ci, quelque chose manque au Verbe universel, ou que la vérité soit détruite , car, et la vue, et l’ouïe, et la voix, sont utiles aussi pour atteindre à la vérité , il n’en est pas moins vrai que c’est l’intelligence qui, par un privilége de sa nature, connaît la vérité. Mais les causes auxiliaires sont plus ou moins efficaces. La clarté du style nous aide à transmettre la doctrine de la vérité , la dialectique, à repousser victorieusement les attaques des hérésies , mais la doctrine du Sauveur étant la puissance et la sagesse de Dieu, produit complètement son effet par sa seule vertu, et n’a besoin d’aucun autre secours. Si l’on joint la philosophie à la vérité, celle-ci n’en devient pas plus efficace , mais, comme la philosophie rend impuissantes les attaques des sophistes, comme elle écarte les pièges trompeurs que l’on tend à la vérité, on l’a nommée la haie et le mur qui entourent la vigne.

Clément d’Alexandrie, Stromates, Livre 1, Chapitre 20, 100