Le mouvement passionnel est d’abord involontaire, neutre en lui-même, puis il devient bon ou mauvais selon que l’objet de la passion implique ou non un rapport avec la raison. Il m’appartient de ressaisir ma réaction émotionnelle pour ne pas faire que réagir affectivement. L’amour est la passion fondamentale de laquelle découlent toutes les autres : plaisir, joie comme haine, aversion et douleur, espoir et crainte comme désespoir et colère. Et l’objet de cet amour, c’est le Bien. Les différents biens sont donc à hiérarchiser de manière objective selon leur degré de participation au Bien véritable. Ainsi il est bon de renoncer à la satisfaction de certains désirs afin de poursuivre la satisfaction d’autres désirs dits supérieurs en raison de la supériorité du bien qu’ils ont pour objet. Seule la grâce est capable d’ordonner les passions. Chez les commençants, il importe de réprimer les passions dans un premier temps, d’en contenir les excès. Chez les progressants, le bien honnête devient agréable parce qu’il est honnête. Chez les parfaits, le dynamisme intérieur est ordonné plus spontanément au vrai bien et une unification intérieure ouvre à une satisfaction, plus large, plus riche, plus global.
Cours de Morale fondamentale II sur les passions