La révélation prophétique est une suite de développements

La méthode de révélation suivie dans l’Écriture confirme abondamment cette présupposition. La prophétie, par exemple, n’aurait pas eu besoin, si Dieu l’avait voulu, de prendre la forme d’un développement. Des prédictions séparées auraient pu s’accumuler à mesure que le temps s’écoulait, des perspectives auraient pu s’ouvrir, une connaissance précise être donnée, par des communications indépendantes les unes des autres. C’est ainsi que l’évangile de saint Jean, ou les épîtres de saint Paul, sont sans liaison avec les trois premiers évangiles, bien que la doctrine de chaque apôtre ne soit que le développement d’une matière commune. Or, en fait, ce n’est pas le genre de la révélation prophétique : elle est une suite de développements. Les prophéties les plus anciennes sont des textes prégnants, d’où sont sorties les prédictions qui ont suivi : ce sont des « types ». On ne dit pas une vérité, puis une autre , la vérité entière (ou du moins de vastes champs de vérité) est annoncée d’un coup, mais seulement dans ses rudiments et comme en miniature, et on la voit s’étendre, se parfaire, à mesure qu’avance le cours de la révélation. La descendance de la femme devait écraser la tête du serpent , le sceptre ne devait pas quitter la maison de Jacob avant que ne vienne le Messie, à qui était réservé de rassembler le peuple de Dieu. Il devait être l’Admirable, le Conseiller, le Prince de la paix. Dans l’esprit du lecteur surgit la question de l’Ethiopien : « De qui parle le prophète ? » Chaque mot exige un commentaire. Aussi est-ce une théorie assez répandue chez les incroyants, que l’idée messianique, comme ils disent, s’est développée progressivement dans l’esprit du peuple juif en vertu de cette habitude devenue traditionnelle de la contempler sans cesse, elle a atteint sa pleine croissance par des voies purement humaines. On peut aller jusqu’à affirmer, sans trancher la question de l’inspiration, que les livres de la Sagesse et de l’Ecclésiastique sont des développements des écrits des prophètes, interprétés ou élucidés au moyen des idées courantes dans la muler à mesure que le temps s’écoulait, des perspectives auraient pu s’ouvrir, une connaissance précise être donnée, par des communications indépendantes les unes des autres. C’est ainsi que l’évangile de saint Jean, ou les épîtres de saint Paul, sont sans liaison avec les trois premiers évangiles, bien que la doctrine de chaque apôtre ne soit que le développement d’une matière commune. Or, en fait, ce n’est pas le genre de la révélation prophétique : elle est une suite de développements. Les prophéties les plus anciennes sont des textes prégnants, d’où sont sorties les prédictions qui ont suivi : ce sont des « types ». On ne dit pas une vérité, puis une autre , la vérité entière (ou du moins de vastes champs de vérité) est annoncée d’un coup, mais seulement dans ses rudiments et comme en miniature, et on la voit s’étendre, se parfaire, à mesure qu’avance le cours de la révélation. La descendance de la femme devait écraser la tête du serpent , le sceptre ne devait pas quitter la maison de Jacob avant que ne vienne le Messie, à qui était réservé de rassembler le peuple de Dieu. Il devait être l’Admirable, le Conseiller, le Prince de la paix. Dans l’esprit du lecteur surgit la question de l’Ethiopien : « De qui parle le prophète ? » Chaque mot exige un commentaire. Aussi est-ce une théorie assez répandue chez les incroyants, que l’idée messianique, comme ils disent, s’est développée progressivement dans l’esprit du peuple juif en vertu de cette habitude devenue traditionnelle de la contempler sans cesse, elle a atteint sa pleine croissance par des voies purement humaines. On peut aller jusqu’à affirmer, sans trancher la question de l’inspiration, que les livres de la Sagesse et de l’Ecclésiastique sont des développements des écrits des prophètes, interprétés ou élucidés au moyen des idées courantes dans la philosophie grecque, et en dernier lieu adoptés et ratifiés par l’Apôtre dans son épître aux Hébreux.

John Henry Newman, Essai sur le développement de la doctrine chrétienne

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