Le joyau de la littérature apostolique, c’est évidemment le cycle des épîtres d’Ignace, avec la Lettre et Le Martyre de Polycarpe qui en sont comme le complément. Nous saisissons là sur le vif un moment où l’Eglise ne signifiait encore pour personne une institution complexe, plus ou moins vétuste dans tel ou tel de ses aspects visibles. C’est vraiment le choeur de la charité de Dieu descendue sur la terre. Le foyer en est l’Eucharistie, où le Christ donne la vie dans sa mort volontaire. L’évêque y apparaît pour la première fois dans l’histoire comme un personnage aux pouvoirs et aux devoirs bien définis, et il est alors comme la vivante icône du Père céleste, la source et le modérateur de cet amour du Christ, de cet amour dans le Christ, qui fait la vie et la joie immortelle de l’Eglise. Le martyre apparaît ensuite comme une sorte de vérification quasi expérimentale de la doctrine ignatienne sur l’Eucharistie : il s’y manifeste la présence, dans ceux qui s’unissent à sa croix, du Ressuscité qui déjà les unit à sa vie.
Louis Bouyer, Préface des Ecrites des pères apostoliques
Cours sur le Sacrement de l’Ordre sur la représentation du Christ