Silence sur l’agora et vacarme à l’église?

Je l’ai dit et je ne cesserai de le redire. Ne voyez-vous pas, lors des Jeux olympiques, quand I’agonothète marche à travers l’agora, avec sa couronne Sur la tête, revêtu de sa robe et tenant son bâton à la main? Quel bon ordre, dès que le cri du héraut demande du silence et de la tenue! N’est-il pas choquant de trouver tant de silence là où le diable conduit la procession, et tant de bruit là où le Christ vous appelle à lui? Silence sur l’agora et vacarme à l’église? Tranquillité en pleine mer et tempête dans le port? Homme, dis-moi, pourquoi ce tumulte? Quel dessein poursuis-tu? Es-tu pressé absolument par les affaires? Pour tout dire, crois-tu que tu as des affaires à régler à cette heure-là? As-tu tout à fait souvenir d’être sur la terre? Crois-tu que tu te trouves en compagnie des hommes? Mais ne montres-tu pas un cœur de pierre en estimant que tu te trouves sur la terre à ce moment-là, au lieu de réaliser que tu fais choeur avec les anges, que tu fais monter avec eux le chant mystique, que tu offres à Dieu avec eux l’hymne de la victoire ?

Saint Jean Chrysostome, Homélie sur le baptême du Christ pour l’Ephiphanie de l’an 387, 4, PG 49

Cité par François Cassingena-Trévedy dans Les Pères de l’Eglise et la liturgie