L’Eglise a le devoir de rétablir l’harmonie entre le Créateur et les créatures

L’Église a donc en commun avec le Verbe incarné le but, le devoir et la fonction d’enseigner à tous la vérité, de régir et de gouverner les hommes, d’offrir à Dieu le sacrifice digne et acceptable, et de rétablir ainsi entre le Créateur et les créatures cette union et cette harmonie que l’apôtre des nations désigne clairement par ces paroles : « Vous n’êtes plus des étrangers ni des hôtes de passage , mais vous êtes concitoyens des saints et membres de la famille de Dieu, édifiés que vous êtes sur le fondement des apôtres et des prophètes, dont Jésus- Christ lui- même est la pierre angulaire. C’est en lui que tout l’édifice bien ordonné s’élève, pour former un temple saint dans le Seigneur , c’est en lui que, vous aussi, vous êtes édifiés, pour être par l’Esprit-Saint une demeure où Dieu habite ». Dans sa doctrine, dans son gouvernement, dans le sacrifice et les sacrements que le divin Rédempteur a institués, dans le ministère enfin qu’il lui a confié après avoir ardemment prié et répandu son sang, la société fondée par lui n’a d’autre fin que de croître et de s’étendre toujours plus, ce qui se réalise quand le Christ s’établit et grandit dans les âmes des mortels et quand à leur tour les âmes des mortels croissent et se fortifient dans le Christ , de la sorte s’amplifie chaque jour davantage dans ce terrestre exil le temple sacré où la divine Majesté reçoit le culte agréable et légitime. Dans toute action liturgique, en même temps que l’Église, son divin Fondateur se trouve présent : le Christ est présent dans le saint sacrifice de l’autel, soit dans la personne de son ministre, soit surtout, sous les espèces eucharistiques , il est présent dans les sacrements par la vertu qu’il leur infuse pour qu’ils soient des instruments efficaces de sainteté , il est présent enfin dans les louanges et les prières adressées à Dieu, suivant la parole du Christ : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » . La sainte liturgie est donc le culte public que notre Rédempteur rend au Père comme Chef de l’Église , c’est aussi le culte rendu par la société des fidèles à son chef et, par lui, au Père éternel : c’est, en un mot, le culte intégral du Corps mystique de Jésus- Christ, c’est-à-dire du Chef et de ses membres.

Mediator Dei, Pie XII sur la liturgie et le culte eucharistique, 1947