Ce qui a souffert en moi alors n’est plus, ne peut plus être. Une part de mon âme reste insensible, le restera jusqu’à la fin.
Certes, je regrette ma faiblesse devant le docteur Laville. Je devrais avoir honte de ne sentir pourtant aucun remords, car enfin quelle idée ai-je pu donner d’un prêtre à cet homme si résolu, si ferme ? N’importe ! c’est fini. L’espèce de méfiance que j’avais de moi, de ma personne, vient de se dissiper, je crois, pour toujours. Cette lutte a pris fin. Je ne la comprends plus. Je suis réconcilié avec moi-même, avec cette pauvre dépouille.
Il est plus facile que l’on croit de se haïr. La grâce est de s’oublier. Mais si tout orgueil était mort en nous, la grâce des grâces serait de s’aimer humblement soi-même, comme n’importe lequel des membres souffrants de Jésus-Christ.
Journal d’un curé de campagne de Bernanos, Chapitre 3
Prédication de retraite – Mgr. LEPROUX