Puisque la conscience ne peut émettre qu’un jugement moral et non prudentiel, ce n’est que par abus de langage qu’on lui attribue le pouvoir de décider ou de choisir.

Selon saint Thomas, la vertu de prudence est dite vertu intellectuelle en tant qu’elle préside la raison spéculative, et vertu morale en tant qu’elle préside la raison pratique. Selon la morale casuistique, la conscience est une instance applicative visant à déterminer la valeur d’un acte au regard d’une loi. La morale moderne s’est construite autour de quatre traités : la loi, la conscience, la liberté et le péché. Le problème n’était plus de savoir ce qui allait dans le sens du bonheur de l’homme, mais seulement de savoir ce qui était permis ou non. Depuis 5 siècles, la perte de vue des vertus au profit de la loi a entraîné une hypertrophie de la conscience, ainsi portée à prendre ce qui appartenait traditionnellement à la vertu de prudence, d’où la propagation d’expressions devenues courantes : décider en conscience, choisir en conscience. Or puisque la conscience ne peut émettre qu’un jugement moral et non prudentiel, ce n’est que par abus de langage qu’on lui attribue le pouvoir de décider ou de choisir.

Cours de théologie morale sur la prudence et la conscience