Sont tenus à la restitution de ce en quoi ils sont devenus plus riches, et du prix du travail des nègres, et de leur liberté non seulement le premier maître, mais aussi le deuxième, le troisième, et ainsi à l’infini s’il y a eu des achats à l’infini, car N’est pas rendu plus solide par la durée ce qui depuis le début ne tient pas. Même si les possesseurs avaient été de bonne foi et ne possédaient plus d’esclave, ils seraient encore tenus de restituer tout ce en quoi ils se sont enrichis. S’ils l’ont été de mauvaise foi, ils sont de surcroît tenus de restituer tous leurs profits c’est-à-dire le travail des esclaves et ce qui a été acquis grâce à eux, qu’ils se soient enrichis ou non. Nul ne pouvant prétendre avoir ignoré l’éventualité de l’illégalité de l’esclavage dont il tirait profit, ceux qui prétendent encore que c’est de bonne foi qu’ils détiennent illégalement des nègres sont coupables d’une omission injuste, d’une négligence coupable, ayant douté sans jamais entreprendre de s’assurer de la légalité de leur commerce, car nul ne doit tirer profit de sa négligence coupable
Epiphane de Moirans, la liberté des esclaves