Cependant tout ce qui est agréable n’est pas honnête , parce qu’une chose peut convenir aux sens sans être conforme à la raison. Alors elle délecte l’homme contrairement à la raison qui perfectionne sa nature. La vertu qui est honnête par elle-même se rapporte aussi à une autre chose comme à sa fin (Par conséquent elle est utile.), c’est-à-dire à la félicité. Ainsi l’honnête, l’utile et l’agréable sont subjectivement une même chose , mais ils diffèrent rationnellement. Car on dit qu’une chose est honnête selon qu’elle a une certaine supériorité qui mérite d’être honorée, à cause de sa beauté spirituelle , on dit qu’elle est agréable selon qu’elle satisfait l’appétit , et on la juge utile selon qu’elle se rapporte à une autre. Cependant l’agréable a plus d’extension que l’utile et l’honnête, parce que tout ce qui est utile et honnête est agréable d’une certaine manière (Cette opposition résulte de la dégradation de l’homme, parce que si tous les instincts de l’homme étaient droits, il n’aimerait que ce qui est utile et honnête.), mais non réciproquement, comme on le voit
St Thomas Eth., liv. 2, chap. 3
Cours de Morale fondamentale II sur les passions