S’il n’y a qu’une seule Mère du Christ selon la chair, en revanche, selon la foi, le Christ est le fruit de tous.

« Car voici qu’au moment où votre salut s’est fait entendre à mes oreilles, l’enfant a tressailli de joie dans mon sein. Et bienheureuse êtes-vous d’avoir cru ! »
Vous voyez que Marie n’a pas douté, mais cru, et par là obtenu le fruit de la foi. « Bienheureuse, dit-elle, qui avez cru ! » Mais vous aussi bienheureux, qui avez entendu et cru ! car toute âme qui croit, conçoit et engendre la parole de Dieu et reconnaît ses oeuvres. Qu’en tous réside l’âme de Marie pour glorifier le Seigneur , qu’en tous réside l’esprit de Marie pour exulter en Dieu. S’il n’y a corporellement qu’une Mère du Christ, par la foi le Christ est le fruit de tous : car toute âme reçoit le Verbe de Dieu, à condition que, sans tache, préservée des vices, elle garde la chasteté dans une pureté sans atteinte. Toute âme donc qui parvient à cet état magnifie le Sei-gneur, comme l’âme de Marie a magnifié le Seigneur et comme son esprit a tressailli dans le Dieu Sauveur. Le Seigneur est en effet magnifié, ainsi que vous l’avez lu ailleurs : « Magnifiez le Seigneur avec moi » : non que la parole humaine puisse ajouter quelque chose au Seigneur, mais parce qu’il grandit en nous , car « le Christ est l’image de Dieu » et, dès lors, l’âme qui fait ?uvre juste et religieuse magnifie cette image de Dieu, à la ressemblance de qui elle a été créée , dès lors aussi, en la magnifiant, elle par-ticipe en quelque sorte à sa grandeur et s’en trouve éle-vée : elle semble reproduire en elle cette image par les bril-lantes couleurs de ses bonnes oeuvres, et comme la copier par la vertu.
Or l’âme de Marie magnifie le Seigneur et son esprit tressaille en Dieu parce que, vouée âme et esprit au Père et au Fils, elle vénère avec un pieux amour le Dieu unique, d’où viennent toutes choses, et l’unique Seigneur, par qui sont toutes choses

Expositio Evangelii secundum Lucam 2, 19

Repris par Benoît XVI dans Verbum Domini, n°28