Je tiens que les honneurs et les richesses vont presque toujours de pair : celui qui aime l’honneur ne saurait haïr les richesses : et celui qui méprise les richesses ne se soucie guere de l’ honneur. Comprenez bien ceci, je vous prie. Pour moi il me semble que l’ honneur est toujours suivi de quelque intérêt matériel. Car il arrive très rarement qu’ une personne pauvre soit honorée dans le monde, quoique sa vertu la rende digne de l’ être, et l’on en tient au contraire fort peu de compte. Mais quant à la veritable pauvreté, elle est accompagnée d’ un certain honneur qui fait qu’ elle n’est à charge à personne. J’entens par cette pauvreté celle que l’on supporte seulement pour l’ amour de Dieu, laquelle ne se met en peine de contenter que lui seul , et l’on ne manque jamais d’ avoir beaucoup d’amis lorsque l’on n’a besoin de personne.
Ste Thérèse d’Avila, Le chemin de la perfection, Chapitre 2