A mon avis, le Seigneur nous rend d’autant plus malades que nous nous soignons davantage , il fit preuve envers moi d’une grande miséricorde en m’envoyant la maladie car, comme de toutes façons j’aurais pris de moi un soin exagéré, il a voulu que ce fût pour quelque chose. Voilà qui est plaisant ! Des religieuses qui sont la proie du tourment qu’elles se donnent ! Elles sont parfois prises d’une frénésie de s’imposer des pénitences sans rime ni raison, et qui ne durent que deux jours, comme on dit, car le démon leur met aussitôt dans la tête qu’elles ont nui à leur santé , alors, jamais plus de pénitence, pas même celles que l’Ordre exige, elles les ont déjà essayées ! Elles ne gardent pas des points très faciles de la Règle – tel que le silence qui ne peut nous faire de mal – et à peine nous imaginons-nous souffrir de la tête que nous cessons d’aller au choeur – ce qui ne nous tuerait pas non plus – un jour parce que nous en avons souffert, un autre jour parce que nous venons d’en souffrir, et les trois jours suivants de peur d’en souffrir à nouveau.
Ste Thérèse d’Avila, Le chemin de la perfection, Chapitre 15