Je ne sais quel amour est sensible, ni quel amour est spirituel.

Revenons maintenant à l’amour qu’il est bon et licite, mes soeurs, que nous ayons les unes pour les autres. Je veux dire celui qui est totalement spirituel , je ne suis pas sûre de savoir ce que je dis , tout au moins, je ne crois pas nécessaire d’en parler beaucoup, car je crains que peu ne l’aient, et si quelqu’une le possède, qu’elle chante les louanges de Dieu, et ce ne sera que juste. C’est l’indice d’une extrême perfection et, comme nous pourrions en tirer quelque profit, parlons-en un peu

Mais c’est cet autre amour que nous ressentons le plus souvent, et quand je dis qu’il s’y mêle un élément sensible, il ne doit pas en être ainsi , c’est moi qui ne sais ni quel amour est sensible ni quel amour est spirituel, ni comment j’ose me mettre à vous en entretenir. Je suis comme une personne qui entend parler de loin et qui, bien qu’elle entende qu’on parle, ne comprend pas ce qu’on dit , c’est exactement ce qui m’arrive, car parfois je ne dois pas comprendre ce que je dis, et le Seigneur veut que ce soit bien dit , si à d’autres moments tout est sottise, il n’y a pas à s’étonner, car ce qui m’est le plus naturel, c’est de ne réussir en rien.

Ste Thérèse d’Avila, Le chemin de la perfection, Chapitre 9