Mais comme c’est facile d’écrire ceci, et comme je le mets mal en pratique ! En vérité je n’ai jamais pu faire cette preuve dans les choses importantes, car je n’ai jamais entendu dire du mal de moi que je n’aie réalisé clairement qu’on était en reste. Si quelquefois – ou plutôt souvent – je n’avais pas offensé Dieu de la façon dont on vient de parler, je l’avais fait de bien d’autres manières, et il me semblait que c’était beaucoup qu’on le passe sous silence , j’ajoute avoir toujours préféré qu’on me blâme pour des fautes que je n’avais pas commises, plutôt que d’entendre dire mes vérités , cela me déplaisait , ces autres choses, même si elles étaient graves, ne m’affectaient pas , mais dans les petites choses je suivais ma nature – et je la suis encore – sans faire attention à ce qui était le plus parfait. C’est pourquoi je voudrais que vous commenciez de bonne heure à comprendre cela, et que chacune d’entre vous considère tout ce qu’elle a à gagner sous tous les rapports en pratiquant cette vertu, et comment, à mon sens, elle n’a rien à y perdre. La principale chose qu’on y gagne c’est d’imiter tant soit peu le Seigneur. Je dis “tant soit peu” car, je le répète, on ne nous accuse jamais sans que nous ayons quelque faute à nous reprocher puisque nous en sommes toujours remplies. Le juste tombe sept fois par jour, et ce serait mentir que d’affirmer que nous sommes sans péché.
Ste Thérèse d’Avila, Le chemin de la perfection, Chapitre 22