Quand on se marie, le premier souci est de bien connaƮtre le conjoint

Eh quoi ! mon Dieu ! quand on se marie dans le monde, le premier souci est de connaĆ®tre la personne, ses qualitĆ©s, sa fortune. Pourquoi nous, qui sommes dĆ©jĆ  fiancĆ©es au Roi de gloire, ne chercherions-nous pas Ć  le bien connaĆ®tre avant le jour de ces noces Ć©ternelles, oĆ¹ il doit nous introduire dans sa maison ? Pourquoi, puisquā€™on le permet aux fiancĆ©es du monde, nous serait- il interdit de chercher quel es cet homme, quel est son pĆØre, quel est le pays oĆ¹ il doit nous emmener, quels biens il nous promet, quels sont ses goĆ»ts, de quelle maniĆØre enfin nous pourrons le contenter, lui faire plaisir et conformer en tout notre humeur Ć  la sienne. Si cā€™est lĆ  tout ce quā€™on demande Ć  une fille, pour quā€™elle soit heureuse en mĆ©nage, quand mĆŖme son mari serait dā€™une condition infĆ©rieure, convient-il, Ć“ mon divin Epoux, quā€™on fasse moins de cas de vous que des hommes ? Le monde est peut-ĆŖtre dā€™un autre avis , mais que le monde vous laisse vos Ć©pouses, puisque cā€™est avec vous quā€™elles doivent passer leur vie. Quand un mari vit si bien avec sa femme quā€™il la veut toujours prĆØs de lui, et non ailleurs, il serait beau vraiment quā€™elle manque en cela de complaisance pour lui, et quā€™elle ne se rende pas Ć  son humeur et Ć  ses exigences, puisquā€™en fin de compte elle possĆØde en lui tout ce quā€™elle peut dĆ©sirer. Cā€™est faire oraison mentale, mes filles, que de bien comprendre ces vĆ©ritĆ©s. Que sā€™il vous plaĆ®t dā€™y joindre la priĆØre vocale, Ć  la bonne heure, vous le pouvez : mais de grĆ¢ce, lorsque vous parlez Ć  Dieu, ne pensez point Ć  dā€™autres choses , car cā€™est montrer quā€™on ignore ce quā€™est lā€™oraison mentale. Je crois vous lā€™avoir assez expliquĆ© , plaise Ć  Notre-Seigneur de nous en donner la science pratique ! Amen

Ste ThĆ©rĆØse d’Avila, Le chemin de la perfection, Chapitre 24