La dernière question méthodologique qu’il convient au moins de souligner – elle a été plus d’une fois débattue au Synode – est celle de la mémorisation. Les débuts de la catéchèse chrétienne, qui coïncidèrent avec une civilisation surtout orale, ont recouru très largement à la mémorisation. La catéchèse a ensuite connu une longue tradition d’apprentissage des principales vérités par la mémoire. Nous savons tous que cette méthode peut présenter certains inconvénients: le moindre n’est pas celui de se prêter à une assimilation insuffisante, parfois presque nulle, tout le savoir se réduisant à des formules que l’on répète sans les avoir approfondies. Ces inconvénients, unis à diverses caractéristiques de notre civilisation, ont conduit ici ou là à la suppression presque complète – certains disent, hélas, définitive – de la mémorisation en catéchèse. Pourtant des voix très autorisées se sont fait entendre à l’occasion de la IVe Assemblée générale du Synode pour rééquilibrer judicieusement la part de la réflexion et de la spontanéité, du dialogue et du silence, des travaux écrits et de la mémoire. D’ailleurs certaines cultures font toujours grand cas de la mémorisation.
Alors que dans l’enseignement profane de certains pays, des plaintes s’élèvent de plus en plus nombreuses sur les fâcheuses conséquences du mépris de cette faculté humaine qu’est la mémoire, pourquoi ne chercherions-nous pas à la remettre en valeur de manière intelligente et même originale dans la catéchèse, d’autant plus que la célébration ou «mémoire» des grands faits de l’histoire du salut exige qu’on en possède une connaissance précise? Une certaine mémorisation des paroles de Jésus, de passages bibliques importants, des dix commandements, des formules de profession de foi, des textes liturgiques, des prières essentielles, des notions clefs de la doctrine…, loin d’être contraire à la dignité des jeunes chrétiens, ou de constituer un obstacle au dialogue personnel avec le Seigneur, est une véritable nécessité, comme l’ont rappelé avec vigueur les Pères synodaux. Il faut être réaliste. Ces fleurs, si l’on peut dire, de la foi et de la piété ne poussent pas dans les espaces désertiques d’une catéchèse sans mémoire. L’essentiel est que ces textes mémorisés soient en même temps intériorisés, compris peu à peu dans leur profondeur, pour devenir source de vie chrétienne personnelle et communautaire.
Jean-Paul II, Catechesi Tradendae, 55
Inventaire des ressources magistérielles sur la catéchèse