Ces gens-là cousent ensemble des contes de vieilles femmes, et arrachent de-ci de-là des versets pour accommoder les paroles de Dieu à leurs fables.

Il en est comme de l’authentique portrait d’un roi qu’aurait réalisé avec grand soin un habile artiste au moyen d’une riche mosaïque. Pour effacer les traits de l’homme, quelqu’un bouleverse alors l’agencement des pierres, de façon à faire apparaître l’image, maladroitement dessinée, d’un chien ou d’un renard. Puis il déclare péremptoirement que c’est là l’authentique portrait du roi effectué par l’habile artiste. Il montre les pierres — celles-là mêmes que le premier artiste avait adroitement disposées pour dessiner les traits du roi, mais que le second vient de transformer vilainement en l’image d’un chien —, et, par l’éclat de ces pierres, il parvient à tromper les simples, c’est-à-dire ceux qui ignorent les traits du roi, et à les persuader que cette détestable image de renard est l’authentique portrait du roi. C’est exactement de la même façon que ces gens-là, après avoir cousu ensemble des contes de vieilles femmes, arrachent ensuite de-ci de-là des textes, des sentences, des paraboles, et prétendent accommoder à leurs fables les paroles de Dieu. Nous avons relevé déjà les passages scripturaires qu’ils accommodent aux événements survenus dans le Plérôme.

Traité contre les hérésies, Saint Irénée, livre 1