Classification des sacrements

Réponse : En thèse absolue, l’eucharistie est le plus important de tous les sacrements. Cela se manifeste de trois façons. 1 En raison du contenu de ce sacrement l’eucharistie contient substantiellement le Christ lui-même, tandis que les autres sacrements ne contiennent qu’une vertu instrumentale reçue du Christ en participation, nous l’avons montré plus haut ; or, en tout domaine, l’être par essence est plus important que l’être participé. 2 Cela se voit par la connexion interne de l’organisme sacramentel, car tous les autres sacrements sont ordonnés à celui-ci comme à leur fin. En effet, il est évident que le sacrement de l’ordre a pour fin la consécration de l’eucharistie. Le sacrement de baptême est ordonné à la réception de l’eucharistie, et il est perfectionné par la confirmation, qui empêche de se soustraire, par crainte, à un si grand sacrement. Puis, la pénitence et l’extrême-onction préparent l’homme à recevoir dignement le corps du Christ. Le mariage aussi rejoint ce sacrement, au moins par son symbolisme, en tant qu’il représente la conjonction du Christ et de l’Église, dont l’union est figurée par le sacrement de l’eucharistie. D’où la parole de l’Apôtre (Ep 5,23) : «  Ce sacrement (le mariage) est grand. Je parle, moi, du Christ et de l’Église. 3 Cette supériorité de l’eucharistie apparaît dans les rites sacramentels. Car l’administration de presque tous les sacrements se consomme dans l’eucharistie, comme le remarque Denys (argument en sens contraire) ; ainsi voit-on les nouveaux ordonnés communier et aussi les nouveaux baptisés s’ils sont adultes. Quant aux autres sacrements, on peut les hiérarchiser selon de multiples points de vue. Au point de vue de la nécessité, le baptême est le plus important des sacrements ; au point de vue de la perfection, c’est l’ordre ; et la confirmation se situe entre les deux. Quant à la pénitence et à l’extrême-onction, ils appartiennent à une catégorie inférieure par rapport aux précédents, parce que, nous l’avons dit ils sont ordonnés à la vie chrétienne non pas essentiellement, mais par accident, c’est-à-dire pour remédier à un défaut survenu. Dans cette catégorie, toutefois, l’extrême-onction se rapporte à la pénitence comme la confirmation au baptême ; c’est-à-dire que si la pénitence est plus nécessaire, l’extrême-onction confère une perfection plus haute.

Saint Thomas, ST, III, 65, 3, c, Réponse

Cours sur les sacrements, sur les obligations des sacrements et le laïcat