Le corps mort est destiné à la résurrection et à la vie éternelle. Tout cela ne vaut pas du corps animal et prouve qu’il ne suffit pas d’envisager des « fins thérapeutiques » pour juger et traiter convenablement le cadavre humain. D’autre part, il est vrai également que la science médicale et la formation des futurs médecins exigent une connaissance détaillée du corps humain et qu’on a besoin du cadavre comme objet d’étude. Les réflexions émises ci-dessus ne s’y opposent pas. On peut poursuivre cette fin légitime en acceptant pleinement ce que Nous venons de dire. De là vient aussi qu’un individu veuille disposer de son cadavre et le destiner à des fins utiles, moralement irréprochables et même élevées (entre autres pour secourir des hommes malades et souffrants). On peut prendre une telle décision au sujet de son propre corps avec la pleine conscience du respect qui lui revient, et en tenant compte des paroles que l’Apôtre adressait aux Corinthiens. Cette décision il ne faut pas la condamner, mais la justifier positivement. Pensez par exemple au geste de Don Carlo Gnocchi. À moins que les circonstances n’imposent une obligation, il faut respecter la liberté et la spontanéité des intéressés, d’habitude on ne présentera pas la chose comme un devoir ou un acte de charité obligatoire. Dans la propagande, il faut certainement observer une réserve intelligente pour éviter de sérieux conflits extérieurs et intérieurs. Faut-il en outre, comme il arrive souvent, refuser en principe tout dédommagement ? La question reste posée. Il est hors de doute que de graves abus peuvent s’introduire, si l’on exige une rétribution , mais ce serait aller trop loin que de juger immorale toute acceptation ou toute exigence d’un dédommagement. Le cas est analogue à celui de la transfusion sanguine : c’est un mérite pour le donneur de refuser un dédommagement, ce n’est pas nécessairement un défaut de l’accepter.
Saint Pie XII, Discours aux donneurs de cornée, 1956
Question de Quitterie sur le don d’organes