La reine, se tournant vers saint Vincent de Paul, lui dit : Vous faites trop, monsieur de Paul.
Vincent : J’ai fait si peu.
La reine : Vous savez que vous avez fait beaucoup, et ils sont rares ceux qui pourront au jour du jugement dernier présenter un compte de leurs jours aussi rempli que le vôtre.
Vincent, dans un geste de désespoir : J’ai dormi,j’ai affreusement dormi, Madame, j’ai été lâche souvent.
La reine : Eh ! Monsieur de Paul, nous qui n’avons pensé qu’à notre plaisir, à notre appétit de jouissance, et qui, sans vous, les aurions toujours gardés fermés, ces yeux, répondez-moi, vous qui n’avez pensé qu’à donner, qui avez renoncé au bonheur, à la puissance, toujours, vous qui avez bâti autre chose que de vains palais et qu’une vaine gloire, sentez-vous, au seuil de la mort, ce grand trou vide derrière vous, vous aussi ?
Vincent :Oui, Madame, je n’ai rien fait.
La reine : Que faut-il faire alors dans une vie, pour faire quelque chose ?
Vincent : Davantage.
Saint Vincent de Paul dans un dialogue avec la reine Anne d’Autriche tiré du film “Monsieur Vincent” écrit par Jean Anouilh