« Je ne suis pas venu dissiper les doutes avec une explication mais remplacer par ma présence le besoin même de l’explication. »

Une question continuelle est présente à l’esprit du malade : Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je souffre ?… Qu’est-ce qui m’est arrivé ? Pourquoi est-ce que j’ai été mis de côté, impuissant, inutile… ?

A cette question terrible, la plus ancienne de l’Humanité, et à laquelle Job a donné sa forme quasi officielle et liturgique, Dieu seul, directement interpellé et mis en demeure, était en état de répondre, et l’interrogatoire était si énorme que le Verbe seul pouvait le remplir en fournissant non pas une explication, mais une présence, suivant cette parole de l’Évangile : « Je ne suis pas venu expliquer, dissiper les doutes avec une explication, mais remplir, c’est-à-dire remplacer par ma présence le besoin même de l’explication. »

Le Fils de Dieu n’est pas venu pour détruire la souffrance, mais pour souffrir avec nous. Il n’est pas venu pour détruire la croix, mais pour s’étendre dessus.

De tous les privilèges spécifiques de l’humanité, c’est celui-là qu’Il a choisi pour Lui-même, c’est du côté de la mort qu’Il nous a appris qu’était le chemin de la sortie et la possibilité de la transformation.

Lettre de Paul Claudel à Mlle Suzanne Fouchée, 1928

Cours de Christologie sur la tentation et la prière du Christ