Le chemin, comme il a été dit, est le Christ lui-même, et c’est pourquoi il dit : MOI JE SUIS LE CHEMIN, LA VÉRITÉ ET LA VIE. Et cette affirmation n’est pas sans raison, car par lui nous avons accès auprès du Père, comme il est dit dans l’Épître aux Romains. Cela convient aussi à son propos : il veut montrer clairement le doute du disciple qui l’interroge.
Et parce que ce chemin n’est pas distant du terme mais lui est conjoint, il ajoute : LA VÉRITÉ ET LA VIE , et ainsi lui-même est en même temps le chemin et le terme. Le chemin, certes, selon son humanité, le terme selon sa divinité. Ainsi donc, selon qu’il est homme, il dit : MOI JE SUIS LE CHEMIN , et selon qu’il est Dieu, il ajoute : LA VÉRITÉ ET LA VIE. Ces deux mots désignent de manière convenable le terme de ce chemin.
Car le terme de ce chemin est la fin du désir humain. Or l’homme désire avant tout deux choses : premièrement, la connaissance de la vérité, ce qui lui est propre , en second lieu la conservation3 de son être, ce qui est commun à toutes les réalités. Or le Christ est le chemin pour parvenir à la connaissance de la vérité, bien que cependant il soit lui-même la Vérité – Conduis-moi, Seigneur, dans ta vérité et que je marche dans ta voie4. Le Christ est aussi le chemin pour parvenir à la vie, bien qu’il soit lui-même la Vie – Tu m’as fait connaître les chemins de la vie5. Et c’est pourquoi il a désigné le terme de ce chemin par la vérité et la vie , ces deux mots ont été dits plus haut à propos du Christ. Il a d’abord été dit qu’il est lui-même la Vie – En lui-même était la vie -, et ensuite qu’il est la Vérité, parce qu’il était la lumière des hommes6, et que la lumière est la vérité.
St Thomas, Commentaire de l’Evangile selon saint Jean, Chapitre 14, n°1868