– SOCRATE. Aucun de ceux qui ont la moindre teinture de géométrie ne nous contestera que lé but de cette science est directement contraire au langage que tiennent ceux qui en font leur occupation. -GLAUCON. Comment. -SOCRATE. Vraiment leur langage est plaisant, quoiqu’ils ne puissent s’empêcher de s’en servir. Ils ne parlent que de carrer, de prolonger, d’ajouter, et ainsi de tout le reste avec des expressions semblables, mais cette science n’a d’autre objet dans tout son ensemble que la connaissance.- GLAUCON. C’est absolument vrai. – SOCRATE. Alors ne faut-il pas encore convenir d’une chose ? – GLAUCON. De quoi ? – SOCRATE. Que la géométrie a pour objet la connaissance de ce qui est toujours, et non de ce qui naît et périt. -GLAUCON. Je n’ai pas de peine à en convenir , car la géométrie a pour objet la connaissance de ce qui est toujours. – SOCRATE. Par conséquent, mon cher, elle attire l’âme vers la vérité et forme en elle cet esprit philosophique qui élève nos regards vers les choses d’en-haut tandis que nous avons le tort de les abaisser vers les choses d’ici-bas, – GLAUCON. Rien n’est plus propre que la géométrie à produire cet effet
Platon, La République, livre 7, Chapitre 3