Voilà donc une science que nous adoptons , voyons si celle-ci, qui tient à la première, nous convient. – GLAUCON. Quelle est-elle ? Ne serait-ce point la géométrie ? – SOCRATE. Elle-même. – GLAUCON. En tant qu’elle a rapport aux opérations de la guerre, il est évident qu’elle nous convient. Car, lorsqu’il s’agit d’asseoir un camp, de prendre des places fortes, de resserrer ou d’étendre une armée et de lui faire, exécuter toutes les évolutions qui ont lieu dans une bataille ou dans une marche, il y a une grande différence entre le général qui est géomètre et celui qui ne l’est pas. – SOCRATE. Mais, en vérité, il n’est pas besoin pour tout cela de beaucoup de géométrie et de calcul. Il faut voir seulement si la partie la plus importante et la plus élevée de cette science tend à notre but principal, qui est de rendre-plus facile à l’esprit la contemplation de l’idée du bien., Car c’est là, disons-nous, que vont aboutir toutes les sciences qui obligent l’âme à se tourner vers le lieu où est cet être, le plus heureux de tous les êtres que l’âme doit contempler de toute manière. – GLAUCON. Tu as raison. – SOCRATE. Si-donc, la géométrie porte l’âme à contempler l’essence des choses, elle nous convient, si elle s’arrête à leurs accidents, elle ne nous convient pas.
Platon, La République, livre 7, Chapitre 3