La prudence vient donc après la connaissance et la tempérance vient de après la prudence. Il faut dire, en effet, que la prudence consiste en une connaissance divine et se trouve chez les êtres divinisés, tandis que la tempérance est une connaissance mortelle et caractérise des hommes qui font de la philosophie sans être encore des sages. Ainsi, puisqu’une vertu est une réalité divine, qu’elle se connaît elle-même et que la tempérance est une sorte de prudence imparfaite, elle tend à la prudence, tout en restant au stade du travail laborieux et non de la contemplation. De même sans doute, la justice, chose commune parce qu’humaine, cède le pas à la saintetế qui est la justice divine. Car, pour l’homme parfait, la justice ne réside ni dans des conventions politiques ni dans une observance d’interdits légaux, mais elle provient d’une action personnelle et de l’amour pour Dieu.
Saint Clément d’Alexandrie, Stromates VI, 125, 5