Quant à ceux qui ne s’adonnent pas encore à l’oraison, je les conjure de ne pas se priver d’un bien si précieux. Là, rien à craindre et tout à désirer. Les progrès seront lents : soit. On ne fera pas de généreux efforts pour atteindre la perfection, ni pour se rendre digne des faveurs et des délices que Dieu accorde aux parfaits : soit encore. Mais, du moins, on apprendra peu à peu à connaître le chemin du ciel. Et si l’on y marche avec persévérance, j’attends tout de la miséricorde de Dieu : ce n’est pas en vain qu’on le choisit pour ami. Car, d’après moi, l’oraison n’est qu’un commerce d’amitié, où l’âme s’entretient seul à seul avec Celui dont elle sait qu’elle est aimée. Mais vous ne l’aimez pas encore, direz-vous. N’importe. Pour que l’amour soit vrai et l’amitié durable, il faut, j’en conviens, la ressemblance d’inclinations , et Jésus-Christ, on le sait, n’a pas l’ombre d’un défaut, tandis que nous avons un naturel vicieux, sensuel, ingrat. Il doit, dès lors, vous en coûter d’aimer d’un parfait amour un Dieu dont les inclinations sont différentes des vôtres. Mais la vue d’une amitié si avantageuse pour vous, et qui part d’un cœur si aimant, doit être assez puissante pour vous faire passer par-dessus les difficultés que vous éprouvez à rester longtemps avec Celui qui est si différent de vous.
Saint Thérèse d’Avila, Livre de la Vie 8, 5
Gaudete et Exsultate§110 -157, Pape François