Le Christ produit l’effet intérieur des sacrements en tant qu’il est Dieu et en tant qu’il est homme, mais de façon différente dans les deux cas.
En tant que Dieu, il agit dans les sacrements à titre d’auteur souverain (potestas auctoritatis). En tant qu’homme, il en opère les effets intérieurs de façon méritoire et aussi par mode d’efficience, mais alors il s’agit seulement d’une efficience instrumentale. On a vu en effets que la passion du Christ, qu’il a soufferte en sa nature humaine, est cause de notre justification et en la méritant et en la réalisant effectivement, cela non par mode d’agent principal, comme un auteur souverain (potestas auctoritatis), mais à la façon d’un instrument, en tant que son humanité est l’instrument de sa divinité, nous l’avons déjà dit. Cependant, parce qu’elle est l’instrument conjoint à la divinité dans l’unité d’une seule personne, cette humanité possède une sorte de primauté et de causalité à l’égard des instruments séparés que sont les ministres de l’Église. C’est pourquoi, de même que le Christ, en tant que Dieu, a un pouvoir souverain (potestas auctoritatis) sur les sacrements, de même, en tant qu’homme, il a un pouvoir de ministre principal, ou pouvoir d’excellence (potestas excellentiae).
Saint Thomas, Somme théologique, III, q. 64, a. 3
Cours sur les sacrements, sur l’institution et la structure des sacrements