Ainsi ce n’est pas seulement par compensation, ou pour consoler une partie des Pères conciliaires, que le pape Paul VI a tenu Ă la proclamation solennelle de Marie Mère de l’Église. C’est parce qu’il Ă©tait conscient que le refus de ce titre risquait de rompre l’unitĂ© entre le Christ et l’Église, entre la TĂªte et le Corps. Le rapprochement avec le concile d’Éphèse qui proclama Marie Mère de Dieu est ici saisissant […] Il s’agissait de ne pas rompre l’unitĂ© des deux natures du Christ, vrai Dieu et vrai homme. En appelant Marie Mère de Dieu, on garantissait l’indivisible unitĂ© des deux natures du Christ que le nestorianisme tendait Ă sĂ©parer […] De mĂªme, avant le concile Vatican II, le titre de Mère de l’Église avait bien paru sous la plume de quelques auteurs mais on n’avait guère perçu sa portĂ©e thĂ©ologique. Il permettait pourtant de lutter contre une sorte de “nestorianisme horizontal” permanent qui pousse Ă sĂ©parer le Christ de l’Église. “De l’Église et du Christ m’est avis que c’est tout un et qu’il n’en faut point faire difficultĂ©”, disait saint Jeanne d’Arc. L’appellation “Marie Mère de l’Église” dit la mĂªme chose. Le Christ-TĂªte que la Vierge enfanta ne fait qu’un avec chacun de ses membres. Ce qu’on fait Ă ces petits qui sont ses frères, c’est Ă JĂ©sus qu’on le fait. Nul ne peut dĂ©chirer l’unitĂ© de la TĂªte et du Corps que Marie enfante. C’est le pape Paul VI lui-mĂªme qui n’hĂ©sita pas Ă rapprocher les deux titres mariais “Mère de Dieu” et “Mère de l’Église” ainsi que les conciles d’Éphèse et de Vatican II […] Ainsi Nestorius Ă©tait comme vaincu une seconde fois. La Mère de Dieu l’avait empĂªchĂ© de sĂ©parer Dieu et l’homme. La Mère de l’Église l’empĂªchait de sĂ©parer le Christ et l’Église Ă€ nouveau Marie apparaissait comme la vraie mère du jugement de Salomon. Ses entrailles maternelles frĂ©missaient Ă l’idĂ©e qu’on pĂ»t couper son enfant en deux.
Guillaume de Menthière, Je vous salue Marie
Session sur la RĂ©vĂ©lation progressive de Marie dans l’Ă©glise et le caractère eschatologique de l’Ă©glise sur la distinction inadĂ©quate de Marie et de l’Eglise