Le magistère ne s’est jamais contredit.

Si l’on réplique que la difficulté d’admettre de pareils développements de doctrine ne tient pas uniquement à l’absence de témoignages anciens en leur faveur, mais à l’existence actuelle de témoignages clairs contre eux, – je songe aux expressions de Chillingworth, « papes contre papes, conciles contre conciles » – je réponds que naturellement on pourra le dire. Mais que l’on examine soigneusement le fait que l’on objecte, et qu’on le ramène à sa juste valeur, avant de l’utiliser comme argument. Je concède qu’il se rencontre, dans l’histoire de l’Église, « des évêques opposés à des évêques, des Pères opposés à d’autres Pères, ou en contradiction avec eux-mêmes », parce que de telles divergences, chez les individus, sont compatibles avec, ou plus exactement enveloppées dans l’idée même d’un développement doctrinal, et par conséquent ne constituent pas une objection contre lui. La seule question essentielle est celle-ci : l’organe reconnu de l’enseignement, l’Église elle-même, parlant par la bouche du pape ou du concile comme oracles du ciel, a-t-elle jamais contredit ses propres définitions? Si oui, l’hypothèse que je défends tombe du coup , mais tant que je n’aurai pas une preuve claire et positive du fait, j’ai peine à accorder créance à une pareille improbabilité.

John Henry Newman, Essai sur le développement de la doctrine chrétienne

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