Le progrès peut tout aussi bien être une régression s’il n’y a plus de direction ni point de mesure fixe. Chacun se donne à lui-même sa propre mesure et en cette matière, personne d’autre que soi ne peut nous être utile. La résignation face à la capacité de vérité de l’homme mène à une utilisation formaliste des paroles et des concepts, puis à une disparition des contenus conduisant à un pur formalisme du jugement : le classement dans un schéma formel suffit pour rendre superflu le débat sur le contenu. C’est ainsi que ce que dit l’art est devenu sans importance. Ce chemin du pouvoir pur est précisément ce dont il est question dans le récit du péché originel. Il s’agit là de ce pourquoi Socrate s’est battu et sont morts les martyrs : ils prennent parti en faveur de la capacité de l’homme à la vérité. Ils sont les grands témoins de la conscience de la capacité donnée à l’homme de percevoir, au-delà de ce qu’il est possible de faire, ce qui doit être fait, et d’ouvrir ainsi la voie à un véritable progrès qui permettent vraiment de s’élever.
Texte Conscience et vérité, Joseph Ratzinger
Cours de Théologie morale sur le lien entre confiance et vérité de Ratzinger