Les Romains ont accepté d’apprendre des autres peuples. Sybille dit à Enée : « D’autres peuples ont composé des Å“uvres littéraires, d’autres connaissent des secrets de sagesse. Mais il vous sera donné à vous de gouverner ». Dans les cultures des peuples slaves, les sommets sont atteints lorsqu’ils ont dit : on va apprendre, le grec, le latin. Et cela s’est concrétisé avec une physionomie propre. La Chine, la civilisation éternelle, la seule qui dure depuis toujours, dit : « Nous allons apprendre. Nous allons acclimater cela dans notre propre culture, et cela donnera une synthèse proprement chinoise ». Il y a des peuples qui jugent normal d’apprendre. Et tout d’un coup en voici un qui dit : “Nous avons notre propre Platon et Aristote, merci.” Quand nous parlons de l’Inde, nous parlons de bibliothèques de volumes, de même pour la Chine, et on prétend s’en dispenser parce qu’on possèderait une “vision originale du monde” ? Bien, exposez-là ! Il ne suffit pas de le dire, il faut le démontrer ! Mais on ne voit souvent que du gribouillage. Les gesticulations de ma petite fille de 5 ans ne font pas la grandeur du ballet impérial. Et une femme qui danse à 40 ans comme une fillette de 5 ans, sous prétexte que ce serait l’expression spontanée de son génie propre, on en rit. Le dialogue des grandes cultures requiert d’accepter que d’autres grandes cultures nous aient précédé. Avant nous il y a la Chine, avant nous il y a la Grèce, avant nous il y a Rome, et on va apprendre d’eux. De même qu’en musique, la civilisation qui refuse d’apprendre ne fait que du dilettantisme, elle ne fait pas du propre.
Cours sur les Sources métaphysiques de la théologie sur les théologies de la libération