Une tradition qui nous est venue de l’antiquité la plus haute, et qui a été transmise à la postérité sous le voile de la fable, nous apprend que les astres sont des Dieux, et que le divin enveloppe la nature tout entière. Tout ce qu’on a pu ajouter de fabuleux à cette tradition n’a eu pour but que de persuader la multitude, afin de rendre plus facile l’application des lois et de servir l’intérêt commun. C’est ainsi qu’on a prêté aux Dieux des formes humaines, et même parfois aussi des figures d’animaux, et qu’on a imaginé tant d’autres inventions, qui étaient la suite et la reproduction de celles-là. Mais si l’on dégage de tout cela ce seul principe, que les hommes ont cru que les substances premières sont des Dieux, on peut trouver que ce sont là réellement des croyances vraiment divines, et qu’au milieu des alternatives où, tour à tour, et selon qu’il a été possible, les arts et les sciences philosophiques ont été, suivant toute apparence, découverts et perdus plus d’une fois, ces doctrines de nos ancêtres ont été conservées jusqu’à nos jours, comme de vénérables débris.
C’est là du moins dans quelle mesure restreinte nous apparaissent, avec quelque clarté, la croyance de nos pères et les traditions des premiers humains.
Aristote
Cours de philosophie de la nature sur la philosophie du mouvement