Votre grâce, et une grâce très grande, est nécessaire pour vaincre la nature, inclinée
au mal dès l’enfance.
Car, déchue en Adam, notre premier père, et dépravée par le péché, cette tache passe
dans tous les hommes, et ils en portent la peine, de sorte que cette nature même, que
vous avez créée dans la justice et dans la droiture, ne rappelle plus que la faiblesse et
le dérèglement d’une nature corrompue, parce que, laissée à elle-même, son propre
mouvement ne la porte qu’au mal et vers les choses de la terre.
Le peu de force qui lui est restée est comme une étincelle cachée sous la cendre.
C’est cette raison naturelle, environnée de profondes ténèbres, sachant encore
discerner le bien du mal, le vrai du faux, mais impuissante à accomplir ce qu’elle
approuve, parce qu’elle ne possède pas la pleine lumière de la vérité et que toutes ses
affections sont malades.
Imitation de Jésus-Christ livre 3, Chapitre 55
Cours de théologie spirituelle sur le péché originel