Nous nous occuperons sans cesse de votre bonheur, mais est-il juste que nous soyons privé de ce qui peut contribuer au nôtre ? Lorsque saint Paul a dit Melius nubere quam uri, il n’a pas entendu excepter les prêtres , lui-même étoit marié ainsi que les autres apôtres et les disciples. Les premiers pasteurs de l’église le furent tous. Les évêques, curés et autres prêtres destinées à les seconder et remplacer en seront-ils moins respectables ? Lorsqu’ils ajouteront à la qualité de pasteur celle d’époux et de père de famille, ne vaudroit-il pas mieux que les curés de campagne fissent des enfants à des épouses honnêtes et vertueuses, qui auront soin d’eux, que de faire des neveux à des vachères crottées ? Pourquoi nous imposer la pénible loi de combattre la nature toute notre vie ? Nous ne devons admettre que des vertus utiles, celles qui ne le sont pas sont de fausses vertus, fruits du préjugé, du fanatisme et de l’erreur. J’en atteste ici mes confrères. Il en coûte de monter en chaire pour y prêcher la décence et les mœurs, lorsque le moraliste sait que son auditoire est convaincu qu’il a lui-même un commerce licencieux et scandaleux avec telle femme ou fille de la paroisse.
Prise de parole de l’abbĂ© François Souchon, curĂ© de Sainte-Foy-L’Argentière, le 14 mars 1789 Ă la cĂ©rĂ©monie d’ouverture rĂ©unissant les trois ordres de la sĂ©nĂ©chaussĂ©e dans l’église du couvent des cordeliers de Lyon afin de rĂ©diger les cahiers de dolĂ©ances et d’élire les dĂ©putĂ©s aux États gĂ©nĂ©raux
https://journals.openedition.org/chretienssocietes/3801