Tout ce qui est bon vient d’une source encore meilleure, la bonté subsistante, comparée au soleil qui irradie de sa chaleur.

.- Socrate. De tous les dieux du ciel quel est celui dont la puissance dispose le mieux les yeux à voir et les objets à être vus ? – Glaucon. Celui que tu connais ainsi que tout le monde , car,évidemment tu veux’que je nomme le soleil.– Socrate. Vois si.le rapport de la vue à ce dieu n’est pas tel que je vais dire– Glaucon. Comment? -Socrate. La vue, non plus ,que la partie où elle se forme et qu’on appelle l’oeil, n’est pas le soleil. -Glaucon. Non.-Socrate. Mais du moins, parmi tous les organes de nos sens, l’oeil est. celui qui, ressemble le plus au .soleil. -Glaucon. Sans contredit.-Socrate. La faculté qu’il a de voir, n’est-ce pas du soleil qu’il l’emprunte, et qu’elle découle, pour ainsi dire, jusqu’à lui?.- Glaucon. Oui.-Socrate. Le soleil, n’est pas la vue , mais n’en est-il pas le principe et n’est-il pas vu par elle?- Glaucon. Oui. – Socrate. Sache donc que, lorsque je parle de la production du bien, ç’estle soleil que je veux dire. Le fils a une. parfaite analogie avec son père. Ce que le bien est dans la sphère intelligible par rapport à l’intelligence et à ses objets, le soleil l’est dans la sphère visible par rapport à la vue et à ses objets. -Glaucon. Comment? Explique-moi encore ta pensée. -Socrate..Tu sais que, lorsqu’on tourne les yeux vers des objets qui ne sont pas.éclairés par la lumière du jour, mais par les astres de la nuit, ils ont peine à distinguer ces objets, qu’ils sont, presque aveugles, comme s’ils avaient perdu la netteté de la vue. – Glaucon. Précisément.-Socrate.Mais que, lorsqu’on les tourne vers des objets éclairés par le soleil, ils les voient distinctement, et que ces mêmes yeux ont toute la netteté de la vue. -Glaucon. Sans doute.-Socrate. Comprends que la même chose se passe à l’égard de l’âme. Quand elle fixe ses regards sur ce qui est éclairé par la vérité et par l’être, elle comprend et connaît , on voit qu’elle-est douée d’intelligence , mais quand elle les fixe sur ce qui est mêlé de ténèbres, sur ce qui naît et périt, sa vue s’émousse et s’obscurcit, elle n’a plus que des opinions, passe à toute heure de l’une à l’autre et semble dépourvue d’intelligence.-Glaucon. Il le paraît. – Socrate. Tiens donc pour certain que ce qui répand sur les connaissances acquises la lumière de la vérité, ce qui donne à l’âme la faculté de connaître, c’est , l’idée du bien, et crois qu’elle est le principe de la science et de la vérité, en tant qu’elles sont du domaine de l’intelligence.

Platon, La République, Livre 6

Cours d’introduction aux Pères grecs sur la mosaïque de saint Irénée