Le fidèle: Je vous parlerai encore, Seigneur, et je ne me tairai point. Je dirai à mon Dieu, mon Seigneur et mon Roi, assis dans les hauteurs des cieux: Oh ! quelle abondance de douceur vous avez réservée pour ceux qui vous craignent. Et qu’est-ce donc pour ceux qui vous aiment, pour ceux qui vous servent de tout leur coeur ? Elles sont vraiment ineffables, les délices dont vous inondez ceux qui vous aiment, quand leur âme vous contemple. Vous m’avez montré principalement en ceci toute la tendresse de votre amour, je n’étais pas, et vous m’avez créé, j’errais loin de vous, vous m’avez ramené pour vous servir, et vous m’avez commandé de vous aimer.
Ô source d’amour éternel, que dirai-je de vous ? Comment pourrai-je vous oublier, vous qui avez daigné vous souvenir de moi lorsque, déjà épuisé, consumé, je penchais vers la mort ? Votre miséricorde envers votre serviteur a passé toute espérance, et vous avez répandu sur lui votre grâce et votre amour bien au-delà de tout ce qu’il pouvait mériter. Que vous rendrai-je pour une telle faveur ? car il n’est pas donné à tous de tout quitter, de renoncer au siècle pour embrasser la vie religieuse. Est-ce faire beaucoup que de vous servir, vous que doivent servir toutes les créatures ? Cela doit me sembler peu de chose, mais ce qui me paraît grand et merveilleux, c’est que vous daigniez agréer le service d’une créature si pauvre et si misérable, et l’admettre parmi les serviteurs que vous aimez.
Imitation de Jésus-Christ, 3, 10